Rattraper le temps perdu [PV Stanley]

Jake était à la mairie, à attendre, en lisant un livre qu'il avait trouvé sur le bureau de son père, qui était le maire. Ce dernier s'était absenté, et Jake en profitait pour faire comme lorsqu'il était petit : il s'était installé dans le fauteuil en cuir bien confortable du maire, et tournait, tout en lisant. Il avait même pensé à amener le coktail. Mais sans la paille. Et sans l'ombrelle. Et sans le coktail à l'intérieur. En fait, ce n'était qu'un simple verre d'eau. De toutes façons, il n'y avait rien d'autre à boire. Il aurait bien pris un verre de whisky, mais il n'avait pas retrouvé la bouteille qu'il était sûr d'avoir caché... quelque part dans la ville !

Dans tous les cas, il ne le dirait jamais à personne, mais le fait de se retrouver dans la ville, et de faire comme s'il ne l'avait jamais quittée pendant cinq ans était étrange... Etrange, et d'une certaine façon, c'était rassurant de savoir qu'on avait besoin de lui ici. Lui qui croyait qu'il n'était qu'un bon à rien, qui ne savait rien faire d'autre que donner des sueurs froides, et rendre triste toutes les personnes qu'il cotôyait, qu'il connaissait, et pour la plupart d'entre elles, qu'il chérissait. Trop de problèmes avaient été créés par sa faute. Notamment la mort de Chris. Il ne se le pardonnerait jamais. Même s'il savait bien qu'il n'y était pour rien, il culpabilisait. D'ailleurs, pourquoi serait-il parti s'il ne culpabilisait pas ?

Se replonger dans des souvenirs aussi douloureux n'était pas une partie de plaisir. Aussi, Jake arrêta de faire tourner le fauteuil de cuir noir et lança un regard à la porte. Il attendait Stanley. Le fait de ne pas l'avoir vu pendant cinq longues années lui pesait. Et il s'était promis de rattraper le temps avec son meilleur ami. Il lui avait alors demandé de venir le rejoindre à la mairie. Pourquoi la mairie ? Il n'en savait rien. Peut-être parce qu'à cette heure là, personne n'y était. Même pas son père.

Jake prit le verre d'eau qui attendait bien tranquillement sur le bureau. Il but le liquide, le savourant, pensant à un coktail qu'il avait l'habitude de boire lorsqu'il était à San Diego avec... encore des morts. Il reposa brutalement le verre sur le bureau. Il avait failli le briser contre le mur, mais son père lui aurait fait une crise mémorable. Il avait préféré évité ça. Le jeune homme plongea dans ses souvenirs les plus récents, ceux qui ne dataient pas de « Jericho après les bombes ». Ceux de San Diego. La plage, les filles, les amis... La recherche d'en travail, le gouvernement qui venait le voir, Ravenwood, son presque frère et sa fiancée enceinte... Peut-être finalement, était-il préférable de ne pas y penser...

Sa vie n'était faite que de mauvais souvenirs. Non, il ne devait certainement pas penser comme ça ! Il y avait tellement de choses bien dans sa vie aussi ! C'est pour ça que la vie lui était si chère ! Il y avait d'abord sa famille, son père, sa mère et son frère, Eric, même s'ils ne se parlaient que rarement en ce moment. Il y avait aussi Emily, avec qui il avait passé des moments agréables ! Et il y avait tout simplement Jericho et ses alentours, ses parties de chasse, et ses parties de foot, ses parties de pêche également. Tant de souvenirs lui revinrent en mémoire, que Jake se mit à sourire dans le vide.

Cette joie soudaine lui donnait envie de chanter. Mais il savait que ses capacités de chanteur laissait à désirer. Les seuls et rares fois qu'il avait pousser la chansonnette, étaient lorsqu'il était bien éméché. Ou avec Stanley. Avec lui, pas besoin de boire ! Ils faisaient tout, tous les deux ! Toujours à faire les quatre cent coups, à chercher à faire peur, à faire des bêtises... La vie, en fait, avait plutôt été belle pour lui. Enfin... C'était avant qu'il parte.

Depuis qu'il était parti en Irak, et qu'il avait vu la guerre... Qu'il avait fait la guerre, qu'il y avait participé, il n'était plus le même. Et sa vie avait beaucoup changé. Son esprit aussi. Il avait vu à quel point l'homme était mauvais lorsqu'il s'agissait de sa propre survie. Mais que faire contre ça ? Rien. La seule solution était de ne pas trop y penser, et de profiter de la vie. Ou de ce qu'il en restait, maintenant que les USA avait perdu ses plus grandes villes.

Jake se força à repenser à Stanley.

« Mais qu'est-ce que tu fous ? » demanda-t-il à voix haute.

Stanley se trouvait dans sa ferme lorsque Jake l'avait appelé pour lui demander de le rejoindre devant la mairie. Tout de suite bien entendu, ce cher Stan avait accepté, ravi d'avoir des nouvelles de son meilleur ami, qu'il considérait un peu comme son frère. Toujours ensemble, ces deux là. Malheureusement, ce n'était plus vrai. Depuis que Jake était parti en Irak, Stanley avait dû faire ses blagues tout seul. Du coup, il n'en était plus vraiment marrant. Mais après tout, qu'est ce qu'on y peut ? C'est la vie.

Jake était d'ailleurs de retour à Jericho. Quand Stanley l'avait appris, il avait été super heureux, même s'il lui en voulait de l'avoir laissé tomber sans rien lui dire. Il avait ses raisons, et notre Stan les respectaient, sans les connaître. Pour lui, sa petite vie avait continué. Il vivait toujours avec Bonnie, sa jeune soeur, dans sa ferme et vivait de ses récoltes. La vie était cependant bien triste sans l'ami de toujours pour partager tous les ragots du coin, ou les blagues à faire.

Mais aujourd'hui, tout allait changer une fois encore. Il se fichait de ce qu'ils allaient faire. Tout ce qui comptait, c'était qu'il retrouvait son meilleur ami, son frère. C'était important. Il sauta donc dans sa voiture, après une petite explication à Bonnie, et se dirigea vers la petite ville. Il n'y avait pas grand monde dehors, et la mairie était déserte. Pourtant, Stan mettait du temps à arriver. Déjà, il fallait se préparer. Ensuite, il fallait remettre de l'essence dans la voiture, penser au passé, préparer une bonne blague, bref... Il y avait beaucoup de choses bien difficiles ou longues à réaliser avant d'arriver à la mairie, retrouver un ami. Quoique ce n'était pas n'importe quel ami ! Jake, voyons !

Après tout ce qu'il s'était passé, il était bien heureux de retrouver son meilleur ami. Les bombes, les villes effacées de la carte... C'était nouveau et effrayant tout ça. Mais il fallait bien s'y habituer. Ce n'était pas facile, mais on pouvait vivre avec. Ou en tout cas, pour le moment, il était possible de vivre, même en sachant que certaines des plus grandes villes des USA avaient été détruites. C'était tout de même horrible.

Effaçant finalement ces problèmes grâce à la pensée de retrouver son meilleur ami, Stanley arriva devant la mairie. Juste à temps d'ailleurs pour voir que Jake commençait à s'impatienter en demandant à voix haute ce qu'il fabriquait. Stanley, un grand sourire aux lèvres, s'approcha de son ami.

'' Je suis là mon vieux ! ''

Il lui fit une belle accolade, sans quitter son sourire. Puis, repensant à toutes ces années de séparation, son regard redevint sérieux et il annonça de sa voix grave :

'' Désolé pour le retard. J'ai un peu traîné. ''

Jake se leva de son fauteuil lorsqu'il reconnut la voix grave de son ami, lui signalant qu'il était là. Il lui rendit l'accolade, puis lui fit un grand sourire. Penser à lui était une chose, mais le revoir, c'était encore mieux ! Il y avait si longtemps qu'ils n'avaient pas eu, tous les deux, un peu de temps pour se parler, se retrouver, se raconter leur vie, comme ils le faisaient avant. Mais avant d'en parler, Jake voulait mettre les points sur les « i ». Il prit son air le plus sévère et se mit face à son ami, les poings sur les hanches.

« T'en as mis du temps ! J'commençais presque à m'inquiéter pour toi ! »

Mais il s'inquiéta réellement quand il vit son meilleur ami devenir très sérieux. Il se détendit rapidement quand il entendit les paroles de Stanley. Il était habitué. Stanley traînait toujours. Il n'y avait vraiment pas de quoi s'affoler. Ca lui rappelait justement une bêtise qu'ils avaient faite tous les deux. Stanley devait aller chercher la voiture, et revenir au quart de tour pour chercher Jake, mais il avait tellement traîné, que Jake s'était fait attrapé, et avait fini au commissariat, à essayer de plaider sa cause, près des flics, à cause de la plainte que Madame Riberman avait portée.

Jake se mit à sourire à ce souvenir. Il se tourna vers son meilleur ami, une lueur dans les yeux. Il comptait bien faire comprendre à son ami que ce n'était pas grave, puisque être en retard, c'était sa carte de visite !

« Tu te rappelles de cette histoire avec Madame Riberman ? Tu m'avais planté, et j'ai dû faire un saut au poste de police de ta faute. »

Il retourna s'asseoir sur le fauteuil de son père, et posa ses pieds sur le bureau, pour montrer qu'il était bien à l'aise à cette place. Il lança un regard à Stanley, et lui fit signe de s'installer.

« Je ne sais même plus ce que tu m'as sorti par la suite pour te justifier de ton absence... »

Jake lui fit un autre sourire, sardonique cette fois-ci. La revanche était un plat qui se mangeait froid après tout. Et cette vengence, il ne l'avait jamais réalisée. Après tout, quatorze ans plus tard, le dicton se vérifiait bien dans le cas de Jake et de Stanley.

Il laissa pendant un instant, les souvenirs envahir son esprit, et il se revit, toujours avec Stanley, faire toutes sortes de choses. Il rigolait bien maintenant, quand il se rappelait ça ! Mais ça semblait si loin... Ils vivaient dans un monde bien différent à présent. C'était comme si les bombes avaient effacées tout souvenirs heureux, pour ne laisser la place qu'à un gouffre de désespoir dans lequel tout le monde plongeait, sans jamais pouvoir rien faire. Mais c'était la vie. Et la vie était difficile. L'Homme venait juste de la compliquer un peu plus.

Il rouvrit les yeux, qu'il avait gardé fermé, pendant qu'il se remémorait de nombreux souvenirs. Il dévisagea Stanley. Il avait changé. Il avait l'air d'avoir mûri. D'avoir vieilli. Et il avait une ride. Ce que Jake s'empressa de lui faire remarquer, en bon ami qu'il était.

« Eh mon vieux ! T'as une ride, là ! »

Il désigna du doigt, le coin de son propre oeil, pour montrer à son meilleur ami. Il rigolait bien, intérieurement. Mais lui aussi devait beaucoup avoir vieilli. Surtout avec la guerre en Irak. Elle lui semblait tellement loin, et en même temps, tellement proche ! Il raya de sa mémoire, le souvenir qui allait remonter à la surface, pour se concentrer sur Stanley. Il avait prévu de passer la journée avec lui, il le ferait !

« Alors ? T'as une envie spéciale à faire avec moi, aujourd'hui ? Tu veux peut-être refaire le coup du feu d'artifice sur le toit de la mairie ? Il n'y a pas d'orage, cette fois-ci ! »

Stanley regarda Jake avec un sourire un peu forcé lorsque celui ci mit les mains sur les hanches pour le regarder d'un air sévère. Mon dieu, ça lui rappelait tellement les moments passés à l'école, devant la maitresse... Jake s'exclama qu'il en avait mis du temps et qu'il allait commencer à s'inquiétait. C'est à ce moment que Stanley redevint sérieux et lui annonça qu'il était désolé, qu'il avait trainé. Jake se mit soudain à sourire, les yeux dans le vague. Puis, il lui rappela l'histoire avec Madame Riberman. Mon dieu, oh que oui, il s'en rappelait !

Mais ce n'était pas de sa faute s'il l'avait planté. Il avait rencontré une jolie fille et avait essayé de la draguer. Mais bon, après le beau rateau qu'il s'était pris, il préférait oublier cette histoire. Surtout que Jake s'était fait prendre à cause de lui. Il avait fini chez les flics.

'' Heu... Ouais, je m'en rappelle... ''

Stanley s'installa en face de Jake. C'était assez amusant comme situation. On se serait dit dans un entretien d'embauche, ou quelque chose du genre. Stan regarda son ami, qui lui dit qu'il ne savait même plus quelle stupide excuse il avait sorti pour s'excuser. Evidemment, il n'avait pas parlé de la fille. La honte... Jake se serait moqué de lui jusqu'à... Jusqu'à très longtemps.

'' J'avais dû te dire qu'un chat s'était coincé dans un arbre, et que j'avais dû le secourir pour ne pas qu'il se brise le cou en tombant. C'était un peu stupide, mais c'était seulement ce que j'ai pu trouver sur le coup... ''

Stanley répondit au sourire de Jake en lui en faisant un autre, bien plus grand. Il le regarda fermer les yeux, et se remémora lui aussi les bons souvenirs des bonnes vieilles bêtises qu'ils avaient faites ensemble. Puis, Jake lui annonça qu'il avait une ride. Ça cassa tout le beau tableau qu'il se faisait intérieurement dans sa tête, pour le coup. Stanley le regarda et fronça les yeux, histoire de faire le regard qui tue. Mais il ne répondit rien. Après tout, c'était vrai. Ils avaient vieillis, tous les deux.

Jake lui demanda ensuite ce qu'il voulait faire. Un feu d'artifice sur le toit. Ça lui rappela encore une fois toutes les bêtises qu'ils faisaient. Dommage qu'ils ne soient plus des enfants. Bien qu'intérieurement, ils l'étaient peut-être encore un peu. Juste un tout petit peu.

'' Ah, mon vieux, ça fait plaisir de te voir ! Tu m'as manqué. Si si, je t'assure. Je m'ennuyais bien sans toi... Sinon, pour le feu d'artifice, pourquoi pas ? Mais bon, je ne suis pas sûr que cette fois, ton père apprécie le spectacle... D'ailleurs, tu te rappelles le jour où t'as parié que je n'étais pas cap de prendre sa voiture ? Bah je l'ai fait. Et je me suis pris un beau savon. ''

C'était vrai. Jake et lui avaient fait un pari, et il l'avait gagné. Mais bon, les conséquences étaient assez désagréables. Pour lui, pas pour Jake. Mais bon, il s'en était bien sorti. Et oui, c'est ça la jeunesse. On est facilement pardonné. Même quand on pique une voiture sans avoir le permis...

'' Sinon, je te propose de faire un petit tour dans un bar et de fêter nos retrouvailles ! Qu'est ce que tu en dis ? A moins que tu ne veuilles recommencer à balancer des oeufs sur les maisons... ''

Jake se rappelait de l'histoire du chat. Son ami avait une imagination débordante ! Non mais vraiment, sauver un chat, parce qu'il ne sait pas descendre d'un toit... Il se demanda comment il avait pu croire une histoire pareille... ? Parce qu'il faut l'avouer, il y avait cru ! Mais il était plus simple de penser que son ami avait voulu sauver une vie, pendant que lui se faisait emmener au poste de police. Jake secoua la tête, en riant.

Mais son sourire se figea, lorsqu'il vit que Stanley lui faisait LE regard. Son regard qu'il faisait à tout le monde. Le regard qui fait qu'on se sent tout petit face à Stanley. Et dire qu'il avait raté ça pendant cinq ans ! Il ne se le pardonnerait jamais. Mais Jake se reprit en lui proposant le feu d'artifice. Il ne s'attendait pas à une telle réaction chez son meilleur ami ! Il avait littéralement explosé de joie. Jake se mit à rire, et se remémora les bêtises qu'ils avaient commises, en même temps que Stanley les racontait.

« Oui, je me rappelle de ce pari. C'était stupide ce que tu avais fait ! Heureusement que mon père n'y est pas allé trop fort... »

En fait, son père l'avait bien disputé, et Jake avait assisté à ça, caché dans un arbre. Il s'était tellement marré, qu'il avait fini par tomber de ledit arbre. Et son père avait vu encore plus rouge quand il avait vu son fils. Stanley et lui avait dû fuir et se réfugier dans le bar de Mary. Ils avaient alors à ce moment là, la vie devant eux, et pas encore de problèmes...

L'idée que proposa son meilleur ami le fit sourire. Balancer des oeufs sur les maisons ? Pourquoi pas ? Il se rappella qu'ils avaient cassé une vitre à cause de ça. Ils avaient encore une fois détalés, avant de se faire prendre. Leur jeunesse était remplie de pleins d'autres histoires comme celle-ci.

« Je suis d'accord pour fêter nos retrouvailles, Stan, mais c'est toi qui offre la tournée ! »

Jake se leva de son fauteuil. Il vint près de Stanley et lui tendit la main, pour l'aider à se lever, et pour sceller leur accord, comme quoi, Jake ne payait rien du tout.

« De toutes façons, Stan, je n'ai rien à donner à Mary en échange d'un verre, ou même de deux. »

Il lui sourit. En plus de ne rien avoir à donner à Mary, il habitait encore chez ses parents... Il ne savait plus si c'était une bénédiction ou une malédiction. Il avait retrouvé son ancienne chambre, et il était heureux de la reconnaître comme elle était, avant qu'il ne parte. Mais les souvenirs rattachés à cette chambre étaient nobreux aussi. Et il n'y avait pas que des bons souvenirs.

En plus du fait de vivre chez ses parents, il ne pouvait faire aucun geste, sans que quelqu'un de sa famille soit au courant. Eric ne vivait heureusement plus là, puisqu'il avait sa propre maison, avec April. Mais Jake sentait que lorsqu'il avait le dos tourné, son père et sa mère surtout, lui lançaient des regards, pour savoir ce qu'il était en train de faire. Peut-être avaient-ils peur qu'il vire à nouveau en « criminel ».

Las de penser encore à ce qu'il y avait de négatif dans sa vie, il se concentra sur Stanley, et attendit sa réponse.

« Alors ? Je suis d'accord pour aller au bar, mais c'est toi qui offre ! »

Il réfléchit un instant. Stanley lui payait le verre, et après, ils pourraient aller faire une partie de chasse. Ils avaient besoin de trouver de la nourriture de toute façon.

« Et après s'être enfilé quelques verres, que dirais-tu d'une partie de chasse, comme avant ? »

» Stanley Richmond
» Arrive [PV Stanley]
» Premiere rencontre (PV Stanley)